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14 juillet 2007 6 14 /07 /juillet /2007 20:17

Habitat précaire

Les nouveaux migrants qui arrivent à la capitale Péruvienne s’installent en périphérie,  illégalement, sur des terrains inoccupés en marge de la ville... S’en suit la création de nouvelles zones urbaines par le gouvernement, sans pour autant urbaniser rapidement la zone. Ventanilla fait partie de ces nouveaux districts de Lima créés il y a peu.  Il est situé au nord et appartient à la province de Callao. Il a été créé en 1960 et ne cesse de s’étendre, avec l’arrivée de nouveaux migrants.  Aujourd’hui, c’est une petite ville de 73 km2. Très humide l’hiver, très chaude pendant 3 mois l’été. En 2003, elle comptait 286000 habitants, dont 132000 vivaient dans des « asientos humanos », des zones de barraquements de grande précarité, manquant d’eau et de services publiques, et connaissant un chomage énorme. Avec ce qu’ils trouvent, des matériaux de fortune, les  migrants se fabriquent un abri, certains en paille tressée, d’autres avec du bois de palette retapé. Rares sont les maisons de briques ou de ciment.. Ces maisons en aucun cas  n’abritent du froid, du vent ni de l’humidité. De plus, cette zone désertique est sujette aux séismes... Comment une habitation très légère construite sans fondation sur un terrain  sablonneux en pente peut elle avoir une chance de résister ? Et ces cités dortoirs sont énormes...


 


Lorsque le gouvernement décrète un nouvel espace urbain, il commence par lotir la zone.  Il attribue à chaque famille un carré de terrain de 100 à 120 mètre carré selon un schéma orthogonal ordonnant, agençant le quartier de manière très étalée. La construction en matériaux récupérés ne permet pas de densifier l´habitat en hauteur. Du coup, la ville s’étale. Faut il faire l’apologie de la ville compacte ? On dit normalement que pour les villes des pays en développement, souvent la survie, la subsistance dépend du petit lopin de terre cultivé autour de la maison. Ici, la terre est trop sableuse pour être cultivée... Une solution serait que la ville crée des bâtiments collectifs. Mais outre que le gouvernement local n'a pas de moyens, on se heurte à des problèmes d’ordre socio-culturel. L’un d’eux est que dans la mentalité de certains, vivre à l’étage signifie ne pas être propriétaire, et qu’en cas de tremblement de terre par exemple, l’habitant du rez de chaussé serait seul à garder le terrain...


 


 


 


Services, réseaux, infrastructures

Comme ces villes se sont développées à très grande vitesse, les réseaux et les infrastructures n’ont pas suivies. Ces processus d’urbanisation necéssitent des fonds publics, peu souvent disponibles. Plus la ville s’étale, plus les infrastructures sont compliquées et coutent cheres. Leur mise en place prend ainsi un temps incroyable, et  n’est pas toujours faite dans le respect des règles de l’art. Aujourd’hui,  dans les quartiers les plus anciens de Ventanilla, la majorité des logements sont équipés en tout à l’égout, eau courante et électricité. Il faut par contre relativiser en sachant que  les tuyaux PVC sont souvent sous dimensionnés pour alimenter toute la population en eau, et les gens manquent de moyen et ne disposent souvent que d’une ampoule...

Dans les nouveaux quartiers comme Pachacutec, les gens n’ont pas encore le tout à l’égout, leur lattrines sont des silos (trous dans le sol) et quand le trou est plein, on en fait un autre un peu plus loin. L’entreprise d’électricité alimente seulement les lots justifiant d’un titre de propriété, et donc pas tout ceux qui sont installés sur un terrain et attendent une reconnaissance par la mairie... On notera cependant que le maire à gagné les précédentes élections en attribuant un jour 5000 titres de proprieté...


 


Lorsqu’il n’y a pas de réseau d’eau potable, la mairie construit des citernes d’eau alimentant des bornes fontaines publiques et ravitaillées par des camions citerne. Autant dire qu’il est impossible de creuser un puits dans les dunes de sable.
Le ramassage des déchets est soit en retard soit inexistant. Toutes sortes de maladies se développent à vitesse grand V, et les hopitaux sont déficients, la gendarmerie n’a été installée que recemment, il n’y a pas assez d’école... De toute façon le coût de la scolarité est prohibitif pour beaucoup de familles.

Et la majorité des travailleurs, pour ceux qui ont un travail, se lèvent à 4 heures du matin pour aller jusqu’à Lima et reviennent à plus de 10 heures le soir. Plus de 2 heures le matin et le soir dans des embouteillages gigantesques, coincés à 15 dans une Vanette Nissan qui ne respecte bien sur pas les règles de circulation...




 
Participation populaire et vie politique

Vue sa taille, le district de Ventanilla est divisé en plusieurs quartiers, comme Pachacutec et Mi-Pérou. Une mairie gère l’ensemble du district et dans certains quartiers, certains domaines sont délégués à des sous mairie, comportant donc aussi un maire... Ces quartiers se retrouvent donc avec deux maires...
En mai 94, après la dictature et les scandales de corruption, l’adoption d’une loi permet à la société civile de mettre son nez dans les affaires publiques,  d’abord parce que les maires sont élus par la population, et ensuite parce que les gens ont le droit de donner leur avis sur la politique de développement, la gestion publique, la planification urbaine, les priorités du budget local, le controle des comptes, la surveillance...

C’est ainsi que sont nées des initiatives citadines. Les gens s’impliquent dans des organisations sociales, comme le verre de lait, les cantines populaires... Les habitants de ces quartiers font preuve d’une volonté étonnante et d’une solidarité réconfortante.


Malheureusement, le gouvernement local de Ventanilla a parfois des allures peu démocratiques et s’opposent a poursuivre les accords établis par l’ancien gouvernement local. Les autorités ont peu de credibilité auz yeux des populations les plus pauvres. Ceux ci manquent d’information sur les programmes et projets municipaux et sont trop occupés à leur propre subsistance pour prendre le temps de participer a ces programmes populaires.


 


Fort heureusement certaines municipalités souhaitent le développement de leur commune et soutiennent les initiatives associatives.  La Municipalité de Mi-Pérou, que nous avons rencontrée cette semaine est par exemple extremement motivée, dynamique et veut faire bouger les choses. Son maire, Mr Pretell sur la photo à gauche, est un habitant de Mi-Pérou, il est jeune, et cela fait 2 semaines qu'il a pris ses fonctions. Nous espérons tous qu'il ne va pas tomber dans les travers de ses prédécesseurs...

 


 


 


 


Un album photo sur Ventanilla montre la zone plus en détail

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