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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 19:36
Les observations de l’équipe en début de séjour sont frappantes.
Il y a, à Bréves, beaucoup de maladies liées à l’eau : hépatites A, diarrhées, maux de ventre sont chroniques dans la majorité des familles. Les habitants ont conscience que la qualité de l’eau en est responsable.

Il faut dire que le contexte n’est pas facile.

Ceux qui ont la chance d’être relié au réseau d’eau de la ville reçoivent au robinet une eau polluée. La veille sanitaire, qui fait des tests d’eau mensuels, atteste que l’eau des écoles et de l’hôpital, même après filtration et traitement, est toujours impropre à la consommation. Et l’eau est de toute façon coupée 10 heures par jour car la capacité de pompage de la ville n’est pas assez importante.

Ceux qui ont un branchement pirate sur le réseau de la ville reçoivent une eau encore moins salubre : les tuyaux sont percés ou poreux, la pression est insuffisante, et les microbes y pénètrent et pullulent.

Et ceux qui n’ont pas de branchement sont obligés d’aller chercher l’eau sur des arrivées communautaires (des fosses-puits), ou même directement dans l’Igarapé (la rivière). Or tous les égouts du centre ville se jettent dans cet Igarapé : restes de repas, eaux de lavage, excréments, huiles de vidanges, cadavres d’animaux y sont jetés sans ménagement. Inutile de dire que l’eau est extrêmement polluée… ce qui n’empêche pas d’y observer des scènes de vie tout à fait normales !

 
Les gens « traitent » leur eau !

Tout de même, les gens ne boivent pas cette eau telle qu’elle. Ils la traitent pour la rendre « claire », « limpide », « potable ». Ce qui compte avant tous, c’est sa couleur. On entend souvent dire que si elle est claire, elle est buvable!

Certains utilisent l’hypochlorite distribué par les agents communautaires de santé (1 goutte par litre), d’autres utilisent ce même hypochlorite pour faire la lessive car l’eau de javel est trop chère. Mais, Adriana sait-elle combien de gouttes mettre dans son seau, ou compter jusqu’à 200 gouttes pour remplir son seau de 200 litres ?

D’autres laissent décanter l’eau, en y ajoutant une « poudre blanche » qui permet la sédimentation… Personne ne sait dire si cette poudre est du chlore ou du sulfate d’aluminium, et de toutes façons la vendeuse de sulfate nous affirme :« cette poudre tue tous les microbes, mais pas moi ! »


   
D’autres encore filtrent leur eau avec un filtre branché sur le robinet, un filtre artisanal ou un filtre en sable… Certains combinent plusieurs de ces étapes… Que de méthodes différentes !

Et les agents communautaires de santé ? Ils ne savent pas dire quelle est la meilleure manière de traiter l’eau, et quelles sont les avantages et inconvénients de telle ou telle méthode. Ils ont eux même des problèmes au ventre car l’eau de leur centre de santé n’est pas correctement traitée par leur filtre. Et le médecin du centre à d’autres urgences à traiter, trop occupé à soigner les patients…


Uniformiser la prévention sur l’eau

Il nous semble essentiel que toutes les personnes susceptibles de faire de la prévention sur le sujet aient le même discours :
-    Les agents communautaires de santé, qui rendent visite aux familles une fois par mois et font de la prévention,
-    Les médecins et les infirmiers,
-    Les communautés religieuses, au travers de la « pastorale des enfants », qui touche la communauté catholique, très présente à Bréves,
-    Les écoles…

Nous nous penchons alors sur le problème : comment une eau, même extrêmement polluée comme celle que les habitants utilisent quotidiennement peut elle être rendue potable ?

Nous avons alors la chance d’être aidés par Bruno, qui a travaillé sur la question des filtres au Nicaragua après le passage de Vincent et Soizic en 2007 à Bluefields. Il nous met en contact avec une association canadienne, Cawst  qui travaille sur le sujet depuis 2001. Cette association a réalisé et diffuse via son site internet du matériel pédagogique destiné à la sensibilisation sur le thème de l’hygiène et sur la façon de rendre son eau potable. Ce document, adapté à de nombreuses réalités africaines, sud américaines et asiatiques nous paraît tout à fait approprié pour notre projet mais doit cependant être adapté à Brévès.

Nous gardons donc les illustrations et le texte qui se rapprochent le plus du quotidien des plus pauvres d’ici, les adaptons et les traduisons grâce à nos amis brésiliens.
Après un dur labeur de téléchargement, de traduction, de mise en page et d’adaptation de dessins, le document est prêt : il ne reste plus qu’à le diffuser.

 
   


Diffuser le  message

En parallèle, nous avons retrouvé Lili, qui nous avait fait visiter le quartier de Jardim Tropical en 2007. Lili, aujourd’hui mariée, vit avec son mari chez sa belle mère. Quotidiennement chez eux ils utilisent un filtre artisanal fabriqué avec 2 seaux de margarine vide, une cartouche en céramique, et un robinet : son cout : 12 R$  soit 5 euros. Et Lili sait très bien comment ce filtre fonctionne. Economique, local, facile à fabriquer, il nous semble approprié de diffuser ce modèle de filtre, l’important étant aussi de sensibiliser les gens à son entretien.
Pour diffuser le message, nous demandons donc à Lili de regrouper une demi-douzaine de familles.

La réunion a lieu la dernière semaine de notre séjour : nous expliquons, avec Lili, bien sensibilisée au sujet, les intérêts de l’hygiène, les sources de la pollution de l’eau, et comment traiter efficacement son eau. Les femmes repartent avec un mode d’emploi de fabrication du filtre. La réunion est prometteuse, 6 femmes souhaitent fabriquer un filtre. Lili se propose spontanément pour suivre ces femmes lorsqu’elles feront leur filtre. C’est pour nous une bonne nouvelle : nous lui laissons quelques exemplaires supplémentaires de notre document, si elle veut organiser d’autres réunions.



Nous laissons aussi des exemplaires de ce document aux agents communautaires de santé des postes de santé de Castanheira et Santa Cruz. Eux qui rendent visite à toutes les familles du quartier réservent un accueil enthousiaste  à cet outil pédagogique.
Nous laissons aussi un exemplaire à Sœur Rita, qui travaille avec les membres de la pastorale des enfants catholiques. Elle est enchantée par le travail qu’on a fourni. Cet outil pédagogique pourrait être dupliqué pour être utilisé !

Nous laissons également un exemplaire à Naïr, qui nous a accueilli à Bréves : Naïr tire l’eau de son puits et va chercher de l’eau filtrée chez sa mère pour la boire. Nous lui remettons le document, accompagné du filtre que nous avons construit, afin qu’elle le teste.

Nous laissons aussi un exemplaire à Maria Christina, qui travaillait au secrétariat de santé de la ville. A sa lecture, elle souhaite le faire imprimer pour le distribuer à tous les agents communautaires de santé de la ville de Breves et de l’île de Marajo… une initiative qui nous paraît très intéressante !

L’accueil de ce livre pédagogique, des agents de santé, familles, nous paraît donc excellent ; nous avons l’impression d’avoir visé juste en travaillant sur ce sujet.


Suivre un tel projet ?

   Nous avons également réalisé deux documents permettant de suivre les bénéficiaires.

Un premier document permettrait de vérifier que les familles qui ont participé à des réunions de sensibilisation sont passées à la pratique en fabriquant un filtre, ou de comprendre pourquoi elles ne l’ont pas réalisé le cas échéant.

Le deuxième document vise les familles qui ont construit le filtre : celui ci est-il correctement utilisé, nettoyé, entretenu ? Les familles font elles sédimenter l'eau avant de la filtrer? Le chlore est-il bien utilisé, l’eau a-t-elle bon goût ? les familles ont-elles moins de maladies depuis qu’elles ont leur filtre ?

Autant de questions qui, via un suivi à 1 mois, 3 mois, 6 mois et 1 an, permettent d’engager le dialogue avec les familles pour les aider dans leurs démarches et améliorer durablement leur santé.

Comme nous rentrons en France sans avoir pu mesurer l’impact de notre action, ce suivi nous permettra aussi de savoir si le document est clair et simple à utiliser, si le mode d’emploi de fabrication du filtre est compréhensible, si les agents de santé s’approprient ce document.


Maria Christina souhaite organiser le suivi avec les agents de santé, Lili a quelques fiches de suivi à remplir pour les familles… Lors du prochain séjour, prévu pour mars 2010, nous espérons avoir des réponses!
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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 13:19
La journée de nettoyage communautaire dans Santa Cruz a eu lieu le samedi 10 octobre au matin.

Dans une bonne ambiance, on cure les caniveaux, on ramasse les ordures autour des maisons, dans l'Igarapé, et on amène les ordures en tas dans la rue principale. L'adjoint au maire, en charge des travaux publics, a promis qu'il les ferait ramasser.

L'objectif de montrer aux habitants qu'ils peuvent s'organiser et être efficace est atteint. Le rythme de travail est bon, les habitants s'investissent dans le nettoyage de leur quartier, et ne prennent presque pas de pause ! Adonisio propose même de mettre des amendes à ceux qu'il verra jeter des ordures dans l'Igarapé...



 8h du matin, au travail

   Manoel, en plein travail


    Adonisio
       Sans commentaire, et sans les odeurs


 
Le repos des guerriers !
Les femmes sont là aussi...
   
 Même les enfants participent
Panne technique


Après 3 heures de travail...

 
      Avant Après




En fin de journée, nous laissons les outils au petit groupe d'habitants, chez Lourdes, la responsable des outils. Les habitants ont bien compris que ces outils peuvent être empruntés pour des nettoyages ou d'autres actions ! Les hommes disent qu’ils organiseront d’autres nettoyages communautaires...

La balle est dans leur camp, affaire à suivre !

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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 12:04

 

DEAMBULATION DANS LE QUARTIER

 

Le problème de l’eau est toujours là…

 

Vincent et Pascal sont retournés déambuler autour de l’Igarapé Da Vala, une petite rivière qui se jette dans le fleuve au bord duquel s'est construit la ville de Brévès. Cette zone marécageuse dans laquelle s'installent les migrants était notre principale zone d’étude en 2007.

Le quartier a un peu évolué, mais le problème de l’eau est toujours un problème majeur : celle-ci stagne toujours sous les maisons, dans l’Igarapé, les moustiques s’y développent, les habitants y jettent leurs ordures et déchets de toilettes... Odeurs nauséabondes et pollution de l’eau n’empèchent cependant pas les enfants de s’y baigner, ni les mères de l’utiliser pour faire la vaisselle, lessive et autres ablutions. Et les plus pauvres l’utilisent sûrement, faute de moyens, pour la boire après l’avoir “un peu” traitée, nous y reviendrons dans un prochain article.


Pascal et Vincent observent quelques initiatives intéressantes pour remédier au problème : certains habitants nettoient devant chez eux, et tous ont conscience de la nécessité d’assurer l’écoulement de l’eau en période de pluie. Mais certains laissent la végétation envahir les fossés pour en nourrir les cochons, d’autres jettent tout dans l’eau et bouchent les fossés... 

Une chose est sûre : les égouts du centre ville se déversent sous les maisons de ce quartier.

Autre élément encourageant : Pascal et Vincent ont croisé par 2  fois des équipes de nettoyage. Armées de bottes, gants, rateau, machette et brouette, elles arpentent la ville, rue après rue, quartier après quartier, pour nettoyer les caniveaux et fossés. Une initiative intéressante du nouveau maire. Mais la fréquence de passage de ces éboueurs (qui font un métier dangereux !) n’est pas assez importante : en un mois, les fossés sont à nouveau plein de plantes, qui gênent la circulation de l’eau et de ses déchets.

Pour en savoir un peu plus à ce sujet et sur le projet d’égout à Breves, l’équipe à rendez-vous jeudi prochain avec les services municipaux.



 

TRAVAIL AVEC LES FAMILLES SUR L’ECOULEMENT DE L’EAU

 

Former des groupes de travail entre voisins

 

L’idée est en priorité de diminuer la quantité d’eau stagnante dans l'environnement proche des maisons en saison sèche. C'est la saison la plus longue, pendant laquelle les déchets stagnent et les bactéries et pollutions se développent, contrairement à la saison des pluies pendant laquelle les sols sont lessivés et les déchets entraînés dans le fleuve (un problème aussi...!).

 

Ainsi, on pourrait agir sur la pollution, la présence de moustique et la qualité de l’eau tout en sachant qu’on ne reduira pas le problème toute l’année, le niveau d’eau pendant les crues étant très haut. Le quartier de Jardim Tropical a d’ailleurs été évacué 2 mois cette année, car l’eau entrait jusque dans les maisons.

Pascal et Vincent ont finalement reperé une zone de travail potentielle : le début de l’Igarapé da Vala. Les habitants s'y sont montrés ouverts aux échanges et ont conscience des problèmes liés à l’eau. Un terrain propice au travail. C’est donc avec un groupe de 7 familles que Vincent et Pascal provoquent une réunion, pour réfléchir ensemble à leurs initiatives, leurs problématiques et leurs projets liés à l’eau.

 

 

 

Première réunion de travail

Jeudi dernier a eu lieu la première réunion. L’équipe a été surprise par l’implication forte des familles et leur conscience qu’il faut qu’ils se prennent en main, la mairie n’étant pas très présente. De cette réunion très constructive pendant laquelle les habitants ont donné leur point de vue sur les améliorations possibles sont ressorties des idées concrètes. Le problème concerne surtout la stagnation de l’eau, bloquée par des remblais pontons ou par des détritus. Pascal et Vincent imaginaient de créer deux buses pour aider le surplus d’eau à s’écouler (même si il y aura toujours des crues !) mais les habitants ont jugé prioritaire de nettoyer les herbes et détritus.

Il est indispensable de faire des égouts, une grosse canalisation pour faire s’écouler l’eau. Ce qui, hélas, ne rentre pas dans les moyens financiers de notre petite équipe, qui n’a en plus pas vocation à remplacer la mairie dans ses actions. Après reflexion, les habitants arrivent à la conclusion qu’un environnement propre, nettoyé, serait déjà un bon début. Et qu’eux même pourraient travailler à ce nettoyage. Une conclusion qui nous intéresse !

 

Le principal frein soulevé par les familles ? Le manque d’outils pour faire le nettoyage...


 

     

 


Le quartier s'organise

 

 

Les participants à la réunion se sont quittés dans l’idée de réfléchir à tout ce qui avait été dit pour en reparler le dimanche suivant. Nouveau succès dimanche dernier, les participants masculins (qui vont effectuer le travail) étant à peu près tous présents. Une liste d’actions prioritaires et de matériel a été établie, les chantiers devant commencer samedi prochain, 8 heures.

Deux habitants, Francisco et Adonisio sont nommés coordinateurs, tandis que Lourdes propose sa maison pour stocker les outils. Rendez-vous est donné lundi matin pour acheter les outils, avec les coordinateurs qui assureront un bon prix.



Et ce matin, mardi, l'équipe repart avec une brouette, 5 paires de bottes et 10 paires de gants (seguranca primeiro !), pelles, râteaux, houes, machettes… qui sont alors stockés chez Lourdes, dans l’attente de samedi, premier jour de travail !




 

 

 

 

 

DES IDEES POUR GERER LE PROJET PAR LA SUITE


Les micro chantiers sont donc lancés…  Ce mois sur place étant bien court, Pascal, Vincent et Chloé auront sans doute le temps de n’organiser qu’une ou deux séances de nettoyage. Plusieurs questions sont encore en suspend pour la suite :

  • Les habitants vont-ils s’impliquer dans le nettoyage de leur environnement ?
  • Vont-ils gérer le materiel de manière communautaire, continuer à organiser des sessions de nettoyage ensemble, une fois les Français partis ?
  • Comment intéresser les habitants pour le bon travail de remblai réalisé en groupe ?
  • Faut-il professionnaliser l’entretien de quelques zones clefs en salariant les gens qui cherchent du boulot ? Car certains points, comme la buse systématiquement et quotidiennement bouchée par des déchets mériteraient surement un entretien quotidien. Ne va-t-on pas doubler la mairie dont c’est le travail ?
  • Comment réduire les sources de pollutions (toilettes, déchets) : il faut réfléchir à leurs traitement (ramassage, compactage, recyclage, revalorisation...),  à l’installation de toilettes sèches.
  • Comment travailler en parallèle, et de manière complémentaire, avec la mairie qui commence à realiser du nettoyage également ?

 

Un deuxième chantier  de voisins sera peut-être lancé la semaine prochaine. L’équipe a repéré une autre  zone, remblayée, sur laquelle la question des déchets et des odeurs est  prédominante. Une zone potentielle pour réfléchir sur le ramassage des déchets et sur  l’installation de toilettes sèches… 

En attendant, l’équipe réfléchit à la question de l’eau potable, l’idée étant de proposer un système de traitement de l’eau destinée à être bue, de le systématiser, et d’assurer la prévention sur ce thème.

Depuis, Ilana a elle aussi du retourner à Rio (les habitants de Rio sont les Carioca !) pour continuer son travail de médecin. Chloé a donc rejoint Pascal et Vincent dans leur travail avec les familles. L'équipe PVC assure.!!!..P, comme Pascal,V comme Vincent C comme  Chloé.

 

  
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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 12:07


Durant leur première semaine à Brévès, pendant que Pascal et Vincent mettaient en place un travail d’assainissement de terrain avec un groupe de familles, Maria, Chloé et Ilana ont rencontré les centres de santé de la ville. Elles étaient guidées par Maria Christina, coordinatrice des centres de santé, et avec qui Maria était déjà en contact. Elles ont alors pu échanger avec les agents de santé, qui sont l'équivalent des aides soignants en France, suivre certains dans leurs visites aux familles, et rencontrer l'équipe travaillant au centre d’attention psycho sociale.

 

LES CENTRES DE SANTE

 

Auparavant, les habitants avaient l’habitude de consulter au dernier moment à l’hôpital ou au dispensaire, et d’y arriver dès 3 h du matin pour être sur d’y avoir une consultation dans la journée.

Aujourd’hui ont été mis en place 5 centres de santé à Brévès, chacun composé d’un médecin, d’un infirmier et d’agents de santé. Même si les gens ont gardé cette habitude de faire la queue à 3 heures du matin, des rendez-vous sont fixés par l’agent de santé qui se rend chez les familles, avant que la maladie ne soit trop avancée.

Les agents de santé doivent habiter le quartier et avoir finit l’enseignement fondamental (8 ans de scolarité), gagnent 600 reais par mois (228 euros). Ils ont un rôle fondamental, car sans rendez-vous ils rendent visite régulièrement aux familles dont ils ont la charge.

 

Pour bien faire, Breves devrait avoir 41 centres de santé (pour 101000 habitants).

A l’intérieur de l’île, des agents de santé se déplacent par la route pour certains, par le fleuve pour d’autres. Malheureusement leurs actions sont limitées car non encadrées par un médecin. Aucun médicament ne peut donc être prescrit par exemple. Une équipe de santé, médecin, dentiste, infirmiers et agents de santé vont, une fois par mois, consulter les habitants de l’intérieur par la route.

 

 

Le programme de santé familial

Un programme de santé familial et un système de bourse ont été mis en place dans les centres de santé.  Les bourses (120 reais) sont données aux 7000 familles les plus modestes, obtenues sur decision de l'assistante sociale, et à condition que les enfants soient scolarisés, vaccinés et suivis médicalement.


Chloé nous fait part de l’entretien avec Dr Fernanda, qui travaille au centre de santé de Castanheira :

« Dr Fernanda est un jeune médecin qui travaille depuis 8 mois à Breves, à raison de 3 jours par semaine, continuant une formation à Belèm les autres jours. Elle est venue travailler ici, fuyant la violence de Belèm, avec trois amis jeunes médecins, à la demande du nouveau maire. Le salaire de médecin de famille est de 8000 reais (très bon salaire pour Breves, mais malheureusement, peu de médecins veulent venir travailler dans ce coin « perdu », préférant la vie de Rio ou de Sao Paulo)... Elle nous a accueilli dans son bureau devant lequel beaucoup de femmes avec enfants attendaient leur consultation. C’était le jour du programme à propos de l’allaitement maternel. Effectivement, certaines journées dans la semaine sont réservées aux consultations spontanées, d'autres sont à thème, fixé par le programme de santé familial : hypertension artérielle, diabète, allaitement maternel, prénatalité.

Dr Fernanda envisage de mettre en place un suivi des nourrissons systématique au-delà des 6 mois car il existe un gros risque de pathologies, une fois l’allaitement arrêté, fortement liées à l’hygiène de l’eau (alimentation, hydratation).

Le programme insiste sur la prévention. Pour ce faire, il prévoit des conférences ouvertes à tous, une fois par semaine. Ces conférences n’ont pas lieu en ce moment par souci de stabilité de l' équipe mais devraient reprendre prochainement. Les agents de santé ne sont pas encore dans une dynamique de prévention mais encore de guérison. »

 

L’équipe a accompagné Pelé, un agent de santé, dans sa visite auprès des familles. Dans chaque famille, plusieurs membres souffrent de pathologies plus ou moins graves, Beatriz, nouveau-né de 19 jours, aurait des difficultés respiratoires lors de la tétée, Felipea un eczéma purigineux, une femme de 30 ans mère de 7 enfants rejetée par sa famille parce que psychotique... 

 

 


Le problème de l’eau et de l’alimentation :

 

L’éducation est faite à domicile essentiellement, les conférences publiques n’amenant pas beaucoup de monde. Il existe des recommandations de santé mais il manque une uniformisation de ces recommandations, si bien que chaque famille traite l’eau à sa sauce : certaines la font chauffer au soleil, sans la chlorer. Le chlore n’est pas toujours disponible au centre et le centre ne donne plus de sulfate d’aluminium depuis longtemps. Certaines utilisent le sulfate d’aluminium pour traiter l’eau à leur frais (50g = 1 real), même si ils n’ont pas de recommandations officielles, ils ne savent d’ailleurs pas quelle quantité utiliser, au risque d’un surdosage et d’une toxicité rénale. Les agents délivrent du chlore aux familles pour traiter l’eau qu’ils utilisent pour boire et laver les légumes. Il faudrait aussi filtrer l’eau mais ils n’ont pas toujours de filtre à disposition, soit parce qu'ils n'en voient pas la nécessité, soit par ce qu'ils n'ont pas de quoi le payer malgré un prix très acceptable, ou ont des difficultés pour l'entretenir.

Les agents de santé sont demandeurs d’une formation sur le traitement de l’eau. Au final, la population souffre de nombreuses diarrhées, hépatite A, giardiase… et les coprocultures reviennent toujours positives.

 


Il y a aussi beaucoup de dénutrition et d’obésité car l’alimentation est basée sur la farine et l’açai essentiellement.

Au centre de santé de Santa Cruz, l’infirmière Sandra et le médecin Adriano font part d’importants problèmes culturels :

« Bouillir l’eau, ça tue l’eau » : le goût changeant, ils ne veulent pas boire cette eau, sans compter l’énergie et l’argent dépensés pour faire bouillir l’eau.

« Nous ne sommes pas des jabuti pour manger des feuilles » : leur alimentation est à base d’açai, de farine et de viandes séchées, sans légume. En plus, les gens ont l’habitude d’extraire ou de cueillir les aliments « extrativista » : poisson, manioc, cœur de palmier, açai, bois, et non une habitude de cultiver, faire pousser un potager.

« La viande de buffle est noire » : donc pas bonne à manger selon eux, alors que très nutritive et peu grasse.

 

Adriano aimerait que se développent des programmes d'éducation à l’école pour une nourriture plus variée et que se généralise la « cesta básica », le panier de base pour l’alimentation distribué par le gouvernement, donné à Breves seulement en période électorale ou à Noel.

 

Les autres maladies rencontrées

 Brévès a aussi son lot de  maladies graves : le paludisme est présent dans certains quartiers, la tuberculose est traitée par des médicaments distribués gratuitement par les agents de santé, en accord avec le ministère, il y a encore malheureusement des cas de lèpre... Le gouvernement a prévu d’aider financièrement les personnes atteintes au second stade de la lèpre. Alors certaines personnes atteintes de la lèpre au premier stade ont arrêté de prendre leur traitement, espérant une progression de leur maladie et obtenir ainsi une subvention.

La sexualité commence très tôt (9-10 ans) avec beaucoup d’incestes et de prostitution notamment infantile, et entraîne des MST : trichomonas, gardnerella vaginalis, neisseiria gonorrhée, papilloma virus, VIH (4 cas dans une rue du quartier).

 


Soigner ?

 

Les vaccins habituels sont obligatoires et bien suivis par le centre de santé. Les vaccins contre l’hépatite B, la grippe, rubéole, fièvre jaune sont aussi obligatoires contrairement à d’autres régions du Brésil.

Par contre, il n’y a pas de banque de sang à Breves, et les résultats d’examens faits au laboratoire d’analyses médicales  de base peuvent prendre une semaine, les sérologies HIV ne sont pas faites à Breves et ne sont pas demandées en prénatale dans les villes de moins de 100000 habitants.

 

En général, la santé à Brevès connaît d'intéressantes initiatives mais souffre d'un manque de personnel et d'un mauvais fonctionnement. Pelé, agent de santé, est prêt à organiser des conférences de prévention auprès d’un large public ou auprès des écoles, comme le prévoit le Programme de Santé Familial, mais il a besoin d’un infirmier ou d’un médecin avec lui. Si le médecin était disponible tous les jours de la semaine, il pourrait envisager par exemple des réunions entre quelques familles dont un ou plusieurs membres est atteint d'hypertension artérielle, pour revoir avec eux les conseils alimentaires, l’observance du traitement, la surveillance du patient.


 

LES PROBLEMES PSYCHOLOGIQUES



Le Centre d'Attention Psycho Social (CAPS)


Chloé, Ilana et Maria sont allées visiter le CAPS. Elles y ont rencontrées Oscar, psychologue et Stélio, psychiatre qui leur parlent de la situation de Brévès.

Brévès connaît la violence entre groupes rivaux, liée en partie aux problèmes de toxicomanie, les crimes, la prostitution infantile... Pour faire face aux nombreux problèmes psychologiques découlant de ces situations difficiles, un centre d’attention psycho social (CAPS) a ouvert à Brévès il y a un an. C’est un service de santé mentale prévu dans la Politique Nationale de Santé Mentale pour des malades mentaux graves (psychotiques et névrosés). En fonction de la taille de la ville, le CAPS a une équipe plus ou moins complète (pas de psychiatre pour les petites unités) et est ouvert plus ou moins ponctuellement. Sur l'ile de marajo, seulement 2 villes disposent d'un CAPS. Celui de Brévès (342 patients actuellement) a été inauguré en juin 2008 peu de temps avant les élections municipales. Or le candidat de l’opposition a gagné et jusqu’ici le service n’est pas encore cadastré, donc pas financé. L’équipe n’est pas complète mais comporte déjà un psychologue (le directeur), un infirmier, un pédagogue, une ergothérapeute et un médecin psychiatre, présent seulement deux fois par semaine. En général, les patients adressés au CAPS viennent de l`hôpital (342 des patients actuels), les autres patients étant adressés par les assistantes sociales, l'école, le médecin de famille ou les agents de santé. Les patients peuvent rester la journée au CAPS en faisant des activités, comme des ateliers, avoir des consultations et peuvent même déjeuner au CAPS. Lors d’une décompensation psychotique aigüe, le CAPS n’est pas habilité à recevoir le malade qui est alors adressé à l`hôpital où il y a 5 lits prévus pour ces malades mentaux aigus. L’effort est de traiter le malade à Breves, sans le transférer par bateau à Belém. Les patients vraiment instables sont adressés a Belém par le psychiatre.

Etonnamment, il n'y a  quasiment pas d'enfant suivi au CAPS.  Souvent le diagnostic est fait tardivement.

 


Un service malheureusement surchargé par des patients en plus


La logique de fonctionnement des CAPS devrait être la même que celle du programme de santé familial, c’est-à-dire une recherche active des malades mentaux graves dans la communauté avec des visites à domicile. Actuellement le CAPS manque de véhicules pour pouvoir le faire. Par ailleurs il a aussi la charge à Brévès de tous les malades  ayant des maladies neurologiques comme l’épilepsie (50% des patients), la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer ou toutes autres démences ayant un traitement ambulatoire, graves ou non. Le CAPS est du coup surchargé et a du mal à répondre à sa fonction de traitement spécifique et adapté aux patients psychotiques et névrosés graves.


Peu à peu, les patients épileptiques stabilisés devraient être pris en charge par les médecins du programme de santé familiale. Le problème est que les médicaments anti épileptiques restent distribués au CAPS. De plus, il n' y a malheureusement pour l’instant pas de neurologue sur Breves ni même à Belém dans les services publics de santé. A cela, il faut ajouter que jusqu’à l’ouverture du CAPS les malades restaient cachés chez eux et leur famille allait à l’hôpital chercher leurs traitements médicamenteux. Les gens ont conservé cette habitude et considèrent quelquefois le CAPS, qui a une pharmacie, comme un grand dispensaire.

 

Le psychiatre propose que Maria et Ilana forment les médecins du programme de santé familial pour leur apprendre à traiter les maladies mentales simples et les indications des prises en charge des malades mentaux par le CAPS. 

 

Problèmes de dépression et de suicides

D’après Pablo, psychologue de l’assistance sociale, la population de Marajo a plutôt un comportement dépressif qu’une dépression maladie. En effet, d’après lui, la population pense souvent que les choses ne fonctionnent pas bien et qu’elles ne vont pas aller en s’améliorant.


Pablo a fait une recherche à propos de suicides à Breves s’appuyant sur le nombre d’hospitalisations pour tentatives de suicide (TS). La majorité des TS est par pendaison. En général ce sont des hommes, jeunes entre 18 et 27 ans, pauvres. Ce qui l’a le plus frappé, c’est le fait que les TS augmentent beaucoup lors des années électorales (47 TS sur une année électorale contre 5 sur une année non électorale).

Une de ses hypothèses pouvant expliquer le taux élevé des TS est lié au schéma familial : peu de soutien et de communication entre les membres de la famille, absence du père, donc du chef de la famille. Au cours de ses entretiens, il s’est aperçu que les familles ne s’étaient pas rendues compte de la souffrance de leur proche précédant la TS.

Une autre hypothèse émise est liée à un mythe de Marajó : quand les portugais arrivèrent et voulaient que les indiens travaillent pour eux, les indiens se pendaient pour ne pas se soumettre à cette situation là.

De plus, il nous a précisé un certain côté de la culture à Marajó :  les gens veulent acquérir certaines choses, par exemple une télévision, mais n’ont pas l’idée que pour avoir cette télévision, il faut travailler pendant quelque temps et mettre de l’argent de coté. Ils la veulent tout de suite.

 

 

COMMENT NOTRE EQUIPE PEUT S'INSERER DANS LA PROBLEMATIQUE SANTE ?

 

Après ces visites et ces rencontres quelquefois bien tristes mais souvent encourageantes vue la volonté des agents de santé, notre petite équipe s'est fixée deux objectifs dans le long terme :

  • Sur le plan des maladies psychologiques : d une part, redéfinir avec les membres du CAPS leurs actions et essayer de mettre en place les visites dans les familles, et d autre part, former les équipes du Programme de Santé Familial pour que ceux-ci prennent en charge les problèmes psychiatriques non graves et les pathologies neurologiques (notamment les patients épileptiques).
  • Sur la question de l’eau :  imaginer une solution pour l eau potable (filtre et/ou traitement chimique et/ou décantation et/ou solution UV, faire accepter cette solution au médecin du centre de santé, puis aux agents de santé (qui sont demandeurs), puis essayer de diffuser dès ce mois-ci cette solution dans quelques familles.


Maria est repartie dimanche dernier à Rio car son travail l'attend. Ilana et Chloé continuent leurs recherches dans le domaine de la santé tout en aidant Pascal et Vincent dans le travail sur l'assainissement. Heureusement, Ilana parle français et sert bien souvent de traductrice à notre équipe qui n'est pas encore complètement bilingue!!



 

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 13:21
En 2007, nous avions passé un mois dans les "invasions" de Breves, sur l'île de Marajo. Nous nous étions penché sur le problème de l'assainissement des terrains marécageux sur lesquels s'installe la population. Le but était de réfléchir à un projet humble améliorant les remblais, les pontons, la qualité de l'eau environnante... La phase pilote devait suivre en 2008, faute de financements, nous avons du attendre septembre 2009...

L'OBJECTIF ?

Cette phase pilote est une phase test !
Même si le travail effectué n'est pas important, si on sent que quelque chose peut réellement se mettre en place avec les familles, on passe à une phase plus importante l'année suivante en mettant en place une équipe locale responsable du projet.
Nous avons 2 volets de travail :

Assainir les terrains!
Nous allons d'abord refaire le point sur la situation, puis mettre en place un petit travail avec un groupe de familles sur la question de l'assainisssement des terrains : évacuer le surpus d'eau par des buses, remblayer, réfléchir à la possibilité de diffuser les toilettes sèches.

En parallèle, établir un disgnostic médical.
D'une part la question de l'assainissement y est fortement liée, et d'autre part des besoins énormes se font sentir dans le domaine psychologique. Nous allons donc établir un bilan médical sur place : voir le travail effectué par les différentes structures existantes, établir les besoins prioritaires et voir comment nous pouvons nous insérer dans le travail déjà effectué..

UNE BONNE EQUIPE!

Les projets de vie de chacun ne nous ont pas permi de tous repartir. Pascal et Vincent sont sur place! Je les envie beaucoup quand ils me font le récit de leur quotidien, mais la sagesse m'a imposé de rester à Rouen car un bel évènement devrait arriver en décembre : mon ventre s'arrondit!

Pascal et Vincent se sont envolés le 20 septembre en compagnie de Chloé Goubin. Chloé est avant tout quelqu'un de formidable, dynamique, joyeuse et qui a besoin de sens dans ce qu'elle entreprend : jeune médecin, la dimension sociale de son travail prime avant tout. Elle travaille à la prison de Nantes et remplace dans un cabinet qui aide les personnes en difficulté avec l'alcool et la drogue.

Pascal, Vincent et Choé ont été rejoint sur place par Maria et Ilana, deux médecins brésiliennes. Maria est impliquée depuis le début dans le projet mais n'avait pas pu venir en 2007. Vous la connaissez déjà, nous nous étions arrétés chez elle à Rio! C'est une psychiatre qui consacre beaucoup de son travail aux personnes habitant les favelas de Rio. Ilana est une de ses élèves.

L'ARRIVEE!

Lundi matin, après une bien courte nuit, l'équipe a rencontré Michel Grimaldi, qui travaille à l'IRD à Belem. Celui-ci leur a donné d'intéressantes informations sur la technique des pieux en fondation et leur a donné le contact d'un hydrogéologue qui pourra peut être nous aider dans notre travail sur les remblais.

Lundi soir, embarquement  pour Brévès, chacun a prévu son hamac.... Ci dessous, Pascal et Chloé, bien installés!



Naïr accueille toute l'équipe dans sa petite maison en bois, où elle habite avec son fils Ramon. On retrouve une vie quotidienne plus rudimentaire que celle que l'on a en France : on tire l'eau du puit pour se doucher, et on dort en hamac!
D'après Vincent, il fait bien chaud, plus chaud qu'en 2007 (Je soupçonne le contraste Rouen Breves de lui donner cette impression!!)

D'ici peu de temps, je  pense mettre en ligne un article sur le travail effectué la semaine passée...

Soizic


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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 08:21

Nous sommes de retour en France, mais restons tournés vers l'Amerique Latine... pour y repartir peut etre? Au moins pour s'interesser à ce qui s'y passe, et pour continuer nos investigations à distance sur le projet Marajo, pour lequel nous avions participé à la mission d'évaluation en aout dernier... Nous avions défini les futures phases du projet et sommes actuellement en recherche de financements. En voici un résumé pour vous tenir au courant...





Dans l’île de Marajó, les villes connaissent une croissance démographique importante et
rapide. Dans la ville de Breves, plus de 10.000 personnes sont arrivées entre 2003 et 2007,
quittant l’intérieur de l’île pour trouver un emploi en ville. Ces nouveaux habitants se sont
installés en périphérie, formant des quartiers illégaux et précaires. Le quartier de Santa Cruz, à
Breves, s’est développé de cette manière, dans une zone marécageuse et inondable.

1ère phase

Une mission d’évaluation, financée sur fonds propres, en août 2007, a permis à une équipe
(constituée de personnes formées en architecture, urbanisme, ingéniérie ) d’identifier la
nécessité pressante d’un assainissement de cette zone par un drainage et un système
d’évacuation des eaux usées. En effet, les détritus et les déjections se mèlent aux eaux
stagnant sous les maisons sur pilotis, nuisant évidemment à la santé de la population.
Plusieurs facteurs contribuent à la situation : le quartier est situé dans une zone basse de la
ville et reçoit parfois les eaux usées des zones supérieures ; la marée montante s’infiltre dans
la ville laissant en se retirant de nombreux détritus ; la saison des pluies aggrave la situation.

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Eau stagnante, sous une maison Marée montante laissant les détritus



En collaboration avec les partenaires locaux qui se sont montrés très réceptifs, nous avons
défini les objectifs suivants :
- remblayage des zones d’habitation
- mise en place d’un système d’évacuation des eaux usées
- rénovation des pontons
- assèchement par le creusement ou la rénovation de canaux de drainage
- construction d’un barrage pour stopper la remontée des eaux à marée montante
- sensibilisation des foyers aux risques liés à l’eau.

Pour réaliser ces objectifs, il est essentiel d’adopter des techniques adaptées des pratiques
préexistantes localement. En effet, la population et la ville ont réalisé ponctuellement dans les
quartiers quelques travaux comme des pontons, des canaux, du remblayage. Le manque de
systématisation et d’entretien, ajouté à l’absence d’un barrage pour arrêter la marée montante,
n’a pas permis pour l’instant d’arriver à une effacité suffisante. Rationnaliser, perfectionner et
systématiser ces techniques permettra d’obtenir une solution accessible à la communauté et,
pour cette raison, viable sur le long terme.

Par exemple, des remblais en pente seront réalisés sous les maisons et draînés par des rigoles
périphériques renforcées par des bordures en bois donnant sur les canaux collectifs. Le réseau
ainsi constitué, grâce à des techniques simples et de coût réduit, permettra l’évacuation des
eaux stagnantes.

Les partenariats locaux sont indispensables pour le succès d’un tel projet. Durant la mission
d’évaluation, l’équipe a déjà eu contact avec les partenaires suivants :
- La mairie a donné son accord pour le projet. Un ingénieur de la ville a validé nos
propositions, notamment pour la construction du barrage. La ville fournira et transportera
une partie des matières premières (terre, sable) et participera à l’évacuation des déchets.
Si nécessaire, elle sera aussi en mesure de fournir la main d’oeuvre qualifiée pour les
travaux les plus techniques.
- Les agents du poste de santé le plus proche ont été contactés. Ils disposent déjà de
l’organisation nécessaire pour visiter les maisons et conduire des actions de prévention,
jouant le rôle d’intermédiaires entre le projet et les habitants. Des fiches pédagogiques
seront réalisées dès le début de la seconde phase.
- Certaines entreprises fournissent déjà de la sciure pour les remblais à la population. Il
serait possible d’obtenir aussi le transport de ce matériel en leur achetant le bois
nécessaire pour les travaux. La plus grande de ces entreprises a déjà été contactée.
- Les communautés de base de l’Eglise catholique ont accepté d’aider à la diffusion de
l’information.


2ème phase

En mars 2008, le projet pilote, avec quatre personnes sur une durée d’un mois et demi verra
la mobilisation d’un nombre limité de famille autour de ces objectifs. Cette deuxième phase
permettra d’établir définitivement les partenariats et d’améliorer la méthode appliquée. Les
premiers travaux seront réalisés dans les maisons des familles ayant les plus grands besoins.
Avec l’aide d’un ou deux ouvriers et des familles elles-mêmes, les travaux nécessaires seront
réalisés. En participant aux travaux, les familles acquerront la maîtrise des techniques
perfectionnées de construction et d’entretien.
Nous insistons sur l’appropriation du projet par la population. La mobilisation de la
communauté sera en effet indispensable à la réalisation des travaux, au succès de la
sensibilisation aux questions de santé et, surtout, à la pérennité du projet.

Budget prévu du projet pilote : 13 000 Euros


3ème phase

Après la réalisation de cette deuxième phase, deux coordinateurs seront chargés, durant 18 mois, de la réalisation, du suivi des travaux et de l’évaluation finale.

Budget prévu : 69 500 Euros

En fin de projet, une évaluation détaillée du projet sera essentielle pour étendre l’expérience à
d’autres quartiers ou villes nécessitant une intervention similaire. Pour cela, l’équipe réalisera
un document détaillé et accessible comprenant les techniques et la méthodologie générale. Ce
document est un objectif en soi de ce projet. Il comportera les fiches pratiques permettant la
réalisation des différentes interventions techniques et de prévention sur les questions de santé.





Le projet suit donc son cours... Nous y restons tres attaché et espérons qu'il prendra forme!! Si vous souhaitez aider le projet financièrement,  vous trouverez ci dessous les coordonnées bancaires.
Actuellement nous préparons un petit documentaire sur l'année passée... 
A bientot!

Vincent et Soizic





Coordonnées Projet Marajo.
9 Place Verte 59300.Valenciennes.France
projet_marajo@yahoo.fr
Tel : 0603796250

Si vous souhaitez collaborer à ce projet merci d’envoyer à l’adresse ci-dessus un chèque
libellé à l’ordre de :
AFICPV Fondation en écrivant « Amazonie» au dos du chèque.

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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 20:15

Invasion qui date d’une dizaine d’années, le quartier de Santa Cruz est structuré par des voies principales et ne comporte que deux traverses importantes éloignées l’une de l'autre de 400m. Entre elles se situe la zone de l’igarapé, une zone marécageuse qui rend la circulation difficile. C’est dans cette zone peu attractive qu’il y a deux ans se sont installées des familles tres pauvres, bricolant un entrelas de pontons et de remblais desservant des cabanes en bois sur pilotis et installant des branchements pirates pour accéder à l'eau et à l'electricité.

         

 

Discontinuité du réseau d’écoulement des eaux
 
Le quartier est un des points bas de Brévès. Une partie des eaux de pluie de la ville, souillées, jusque là canalisées, sont déversées sous cette maison, et stagnent.

 

Fossés ou buses mal entretenues
 
Les quelques fossés creusés sont irréguliers, peu récurés et souvent encombrés de branches et d'ordures. Le manque de continuité provoque de grosses poches d’eau en amont

 

Influence de la marée
 
Avec une amplitude d'1.5m à l'embouchure de l'iguarapé, la marée remonte jusqu'à la rue Barata, s'infiltrant partout en abandonnant son lot de déchets dans les obstacles divers lorsqu'elle se retire

 

Phénomène accru en saison des pluies
 
Les gens construisent leurs maisons au dessus du niveau maximal de montée des eaux. Ici, la maison s'est affaissée et se retrouve inondée en saison pluvieuse.

 

Pontons défectueux
 
Accès précaires et dangereux, ces pontons se dégradant de jour en jour sont pourtant très fréquentés, même à vélo ou pour transporter des charges lourdes. Les chutes sont quotidiennes

 

Un ponton bien aménagé par la population 
 
Ce ponton de sciure et de sable récupérés, recouvert de terre fournie par la ville, le tout compactés entre des planches de bois est une initiative encourageante ! Reste à terminer le passage et à en canaliser les masses d’eau de part et d'autre.

Concentration de déchets
 
Elle est due à une forte densité de l'habitat, certaines maisons étant même construites au milieu de l'iguarapé, dans lequel pataugent les animaux et circulent ordures et excréments des quartiers en amont. L'apparition d'escargots aquatiques est un signe de pollution…

Puits peu profonds pollués par le rio :
 
 4 puits jouxtent le rio. Les gens éloignés des points d’eau de la Cosanpa tirent leur eau de ces puits, sans forcément la traiter avant de la boire...
Cette eau polluée fait partie de la vie quotidienne : douches, lessive, nettoyage, jeux des enfants, circulation, entretien de l’espace extérieur. Certains la boivent sans la chlorer...
Elle véhicule de nombreuses bactéries et des larves de moustiques vecteurs de maladies comme la dengue, la fièvre jaune…

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 19:51

L'açai...

L'açaï est une petite graine de la forêt amazonienne, de couleur violet-noire.Sa petite pellicule superficielle est Lavée puis broyée et dégustée accompagnée de farine de manioc. C'est la base du régime alimentaire de nombreuses familles de Brévès. C'est un vrai délice pour les petits qui font de jolis sourires bien violets en se goinfrant de ce jus sucré au gout de mûre sauvage. Le proverbe dit que celui qui en mange reviendra en Amazonie... (Nous en avons mangé... !) Le gros noyau, non comestible, est ensuite utilisé pour remblayer les terrains ou faire de l'huile.

Or,l'açaï est de plus en plus exporté. La demande grimpant, les prix ont déjà doublés en moins de 5 ans. Les premiers touchés sont évidemment les plus pauvres, qui voient leur pouvoir d'achat diminuer. Josefa, qui gagne 5 reals par jours (2€) a de plus en plus de mal à nourrir ses 6 enfants. La montée des prix de cet aliment vital est catastrophique pour elle et ses enfants qui, comme beaucoup d'autres, ont faim tous les jours.


Le bois...

Le commerce de bois exotique se développe beaucoup en Amazonie. Sans parler des conséquences écologiques du déboisement incontrôlé (et incontrôlable?) de la forêt, l'extraction de l'or vert a d'autres effets secondaires.

Les entreprises de bois embauchent de nombreux hommes de la région. Ceux ci ont souvent abandonné ou vendu leur ancien terrain agricole pour venir travailler à Brévès. La région de Brévès importe la majorité de la nourriture de Belem. Vue la distance (une nuit de bateau), les prix de tous les produits de base sont assez élevés. Et comme aucun habitant ne peut reprendre d'activité agricole, la situation de dépendance de la ville ne risque pas de s'inverser... Ce ne serait sans doute pas trop grave si les emplois et le pouvoir d'achat étaient stables.

Hélas à Brévès, l'emploi est très précaire, le droit de grève théorique, le chomage élevé, et surtout, on estime que les ressources exploitables en bois seront épuisées dans une quinzaine d'année. Les 5000 emplois disparaitront-ils ? Les entreprises de bois auront-elles replanté pour assurer une exploitation durable de la forêt ? Les acheteurs auront-il pris conscience des conséquences de l'extraction du bois et seront-il prets à payer le prix réel ?


Les crevettes...

De gros bateaux pèchent la crevette dans la région pour la vendre à l'international. Pèchent? Plutôt ramassent! la technique est simple : un filet de plusieurs kilomètres, trainé par 2 bateaux, râcle le fond de l'eau pour attraper des crevettes. Nombres d'espèces marines, poissons, dauphins, tortues et autres, sont également pris dans les filets et rejetés, sans vie, dans le fleuve. Les pecheurs locaux, qui vivent simplement au jour le jour du poisson ou de la crevette voient leur revenus diminuer, car les ressources ne sont pas illimitées...
Jusqu'à quand y aura-t-il assez de poissons pour que les locaux puissent vivre, alors que les crevettes pechées en masse sont destinées à l'exportation ?


Hélas un boycot de ces produits n'est même pas une solution viable !! Si la ville de Brévès ne vend plus de bois, tous les habitants se retrouvent au chomage et la ville dans une situation bien pire qu'aujourd'hui ! Les pecheurs qui travaillent sur les crevettiers, idem !!

 


Et si on parlait de commerce équitable ?

Le commerce équitable permet de distribuer plus efficacement les revenus... On paye plus cher en France, et cet argent va théoriquement aux producteurs. On trouve déjà en France du café, cacao, quelques produits d'artisanat, parfois du sucre et de la canelle...


Tous les responsables de communautés que nous avons croisés, au Nicaragua, Equateur, Pérou, voudraient pouvoir vendre leur produit sans passer par un intermédiaire.

 

Un débat ??

Aujourd'hui en France, il parait très difficile de faire attention à tous ses achats. Nous faisons appels à tous nos lecteurs... Avez vous des idées, des réactions, des propositions, des commentaires ?

 - Tout acheter en commerce équitable, c'est diminuer grandement son pouvoir d'achat ?
 - Comment faire pour développer plus le commerce equitable, à l'heure ou l'internet permettrait de mettre en contact producteur et consommateur ?
 - Où en est le commerce équitable aujourd'hui ? Marché en développement, bientôt saturé, ou marché à la mode ? Quelles sont ses limites ?
 - Comment est labelisé le commerce équitable ? Qui garantit la filière ?
 - Et acheter local, en France, quid des AMAPs (Association de Maintien de l'Agriculture Paysanne) ?


Avez vous vu cet excellent film "Le cauchemard de Darwin" ?...C'est la même problèmatique en Afrique à propos de la perche du Nil...

 

On attend vos commentaires !!!

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28 août 2007 2 28 /08 /août /2007 19:53

Après cette courte étape au Chili nous voila plongés dans un univers insulaire, au milieu dune population bien sympathique, joviale, vivant au jour le jour avec ses soleils et ses difficultés...

 

L’équipe !!

 

Nous sommes 7 :

Pascal, notre ‘mayor’ : à l’initiative du projet, il est déjà venu deux fois a Marajó. Cela fait déjà 30 ans qu'il lance et suit des projets de développement en faveur des plus pauvres. Une communauté musulmane de lépreux au Niger, des français dont les services sociaux ne veulent plus… Les destinataires de ces projets sont de tous horizons! On ne se lasse pas d’écouter les anecdotes cocasses, belles ou sordides de ses précédentes aventures…

 

Jude, un de ses fils, étudiant en architecture : il a déjà bien bourrelingué avec sa famille à tous les coins du globe… Une vie assez originale…

Anaïs, urbaniste : vous la connaissez déjà, pour beaucoup, cette petite rousse toute mignonne  qui vous à tous fait craquer un jour ou l'autre, c'est elle qui nous a embarqué dans l'aventure!

Isabelle, travaille a l'UNESCO : franco brésilienne... Ouf! Il y en a au moins une qui parle portugais! Isabelle se penche plus sur les aspects sociaux et associatifs…

Sandra nous a rejoins après avoir fait une escale involontaire a Cayenne et squatté chez tous les gens qu'elle a pu rencontrer en chemin… Soizic a connu Sandra a Montpellier, elle est juriste et va se pencher sur la question des droits de l'homme et sur la structure que nous allons choisir de monter.

 

Maria et Miriam n’ont pas pu venir mais restent complètement intégrées dans le projet, étant l'une et l'autre très attachées au Brésil et plus particulièrement à ces populations du nordeste. Maria est brésilienne, médecin a Rio. Miriam est maroco-allemande, Elle et Soizic se sont rencontrées à Bremen. Elle a vécu un an et demi au Brésil quand elle était étudiante et en a fait le sujet de son diplôme : comment produire des richesses qui profitent directement aux communautés indigènes, a travers un projet d'éco-tourisme notamment. Leurs responsabilités respectives dans leur travail ne leur ont pas permis de nous accompagner cette fois ci…

 

Le projet

 

Pascal a souhaité monter ce projet au Brésil selon une approche pluridisciplinaire et sans couleur ni politique ni religieuse, afin d'une part que le projet soit destiné à tous, et d'autre part pouvoir choisir la forme sous laquelle le projet fonctionnera le mieux : une association? Une ONG? Une entreprise éthiquement correcte? Un partenariat avec des institutions locales : la préfecture, les institutions religieuses?

 

Tandis que Sandra, Isabelle et Pascal analysent plus en détail les projets existants à Brévès, permettant de comprendre quel type de projets fonctionne, Jude et Soizic se penchent plus en détail sur les questions de construction, et toute l'équipe explore les lieux et tente d'en tirer une problématique fondamentale...

 

Le tableau  

 

Brévès est une petite ville de 90 000 habitants, située à 400 km de Belem. Située à l'embouchure de l'amazone, la ville est marquée par deux saisons, l'une plus pluvieuse que l'autre, la végétation est donc luxuriante, les paysages magnifiques, les orages de fin de journée somptueux…

En général, les services publics brésiliens sont très organisés, les professionnels hyper compétents, l’administration très lourde mais très rigoureuse. Une seule ombre au tableau, et pas des moindres: la corruption. Comme à de nombreux endroits, Marajo serait un petit paradis si l'économie locale, tournée vers le bois d'exportation, profitait réellement à la population, et si les détournements d'argent n'empêchaient pas les projets d'aboutir… Les conséquences sont rudes : le manque d’infrastructures à l’intérieur de l'île conduit tous les habitants à migrer vers la ville de Brévès. La ville croit énormément et a du mal à faire face à ces invasions. Son préfet ici n'a pas bonne réputation. Il est le décideur, et la ville est soumise à ses caprices.  

 

 

 

 

 

Nous avons donc commencé par explorer toutes ces zones "d'invasãon" (en portugais dans le texte). Notre démarche consiste dans un premier temps à se faire petite souris dans un lieu, à rencontrer les gens les plus humbles. 

  

 

 

 

Nous arpentons donc les quartiers, rentrant plus en profondeur dans certains d'entre eux, accompagnés de deux jeunes qui ont grandi ici… Les populations se sont installées en bordure de la petite ville, dans des zones bien marécageuses. Petite cabanes de bois sur pilotis... Un entrelas de pontons plus ou moins défectueux dessert chacune d'entre elles. Peu a peu, les habitants remblaient avec les copeaux et la sciure récupérés dans les énormes scieries exportant les bois tropicaux les meilleurs au monde.  La saison des pluies apporte son lot de pluies diluviennes dans ces marécages, et la marée, quotidiennement, inonde encore plus la zone. Les zones remblayées restent donc spongieuses et certaines d'entre elles difficilement praticables à certains moments. On assiste chaque jour à quelques dégringolades sur les pontons cassés…

 

 

 

 

 

 

Peu à peu, nous rencontrons des familles, rentrons dans leurs maisons, un dialogue s'instaure, maladroit mais sympathique et direct vu notre niveau de portugais…. Ces gens n'ont bien souvent que de maigres revenus, glanés par un petit travail par-ci par la. Difficile de trouver de quoi se nourrir, les gens étant en plus culturellement habitués à pêcher et à cueillir de l'assaï en tendant la main. Les enfants sont scolarisés, reçoivent des bourses d'études qui couvrent à peine la moitie des fournitures scolaires. Le problème de la santé est gravissime. La malaria ne touche que peu la ville, mais les cas de diarrhées, allergies, grippes, fièvres jaunes, hépatites, emportent beaucoup de gens, il y a même eu 2 cas de lèpres détectés la semaine dernière, sur une population de 1400 familles. Ce qui est énorme pour une maladie qui se détecte et se soigne très bien. 

 

Ce qui nous frappe tous d'abord est l'omniprésence, en plus ou moins grande quantité selon les heures, de cette eau très sale baignant les maisons, dans laquelle se mêlent ordures et déjections humaines… La présence de cette eau et le manque d'hygiène induisent évidemment tous ces problèmes de santé, et le thème de l'eau nous paraît être un axe de travail valable pour notre petite équipe réduite à son lot de techniciens. Sans compétences médicales nous pouvons intervenir sur la santé en améliorant l’espace environnant les maisons : comment assainir la zone extrêmement polluée dans laquelle les enfants pataugent quotidiennement?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous remarquons quelques initiatives existantes bien intéressantes : Les habitants s'organisent en corvée du samedi pour remblayer leurs terrains, certains, habitant déjà sur du "dur", récurent leurs fossés… Mais ces initiatives sont ponctuelles et ne sont pas coordonnées.  Les remblais créent des poches d'eau, les fossés non récurés empêchent l'eau de circuler. Et la marée ré-imbibe les sols … L'ensemble manque de cohérence. Nous étudions un petit bout de quartier plus en détail, réfléchissons à un petit projet pour l'assainir.

Nous avons rapidement une idée pour y parvenir. Pourquoi ne pas canaliser le petit bras de rivière qui traverse ce quartier et l'isoler de la rivière avec un barrage? De cette façon, la marée haute ne pénétrerait plus dans le quartier. Le niveau général du bras de rivière étant rabaissé, il est plus facile d'y assurer un écoulement des eaux de pluies et eaux usées en creusant tous les fossés avec une pente un peu plus forte… Et pour évacuer les eaux de pluies à marée haute, une pompe bien dimensionnée suffirait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Mais un tel projet ne pourrait pas fonctionner si les gens ne changent pas leurs habitudes en termes de toilettes. La présence aujourd'hui de la marée et de l'eau sous toutes les maisons  permet d'évacuer une petite partie des déchets et excréments dans l'amazone. Mais demain sans cette eau? Pour éviter une pollution des sols encore plus importante et l'effet contraire de ce que nous recherchons, il est essentiel de travailler sur le thème des toilettes et des ordures. Peut-être des toilettes sèches, vu la quantité de sciure de bois rejetée par les scieries?

  

 

 

 

 

 

 

L'idée est aussi, vu la démission des autorités dans ces quartiers périphériques, de motiver les habitants pour qu'ils prennent en main leur quartier, leurs conditions de vie, qu'ils assurent eux même l'entretien des ouvrages et fossés, la sécurité de la pompe et du barrage. Créer peut-être, grâce à un projet simple et commun, un esprit de communauté, qui apporterait plus de solidarité, de sécurité dans ces quartiers délaissés. C'est le travail qui demanderait le plus de patience… Un projet de plusieurs années.

C'est à ce stade que nous rencontrons les leaders. Nous ne souhaitions pas les voir dès le début car ils peuvent avoir un discours un peu orienté.

Nous organisons une petite réunion dont le but est de percevoir leurs sentiments sur leur quartier, de leur présenter le projet et de le confronter à leurs réactions quelle qu'elles soient. Le projet répond-il à une priorité? Quels problèmes sous-jacents allons nous rencontrer? Nous apprenons encore une fois qu'ici les projets "ne durent pas". Mais cela dépend beaucoup de l'état d'esprit dans lequel un projet est monté… A nous de jouer… Nous continuons nos recherches, écrivons un dossier, et pensons aller à la pêche aux subventions pour, lors d'un prochain voyage, tenter de mettre en place le projet…

 

 

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6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 15:10

Ce soir, lundi 6 août, nous nous envolons de Santiago du Chili pour Belèm, au nord du Brésil. Avec une demi douzaine de coéquipiers, nous nous dirigerons à Breves, sur l’île de Marajo, à l'embouchure de l'amazone.

 

 

L’objectif de ce court séjour d’un mois sur cette île est d’échanger avec les habitants de cette région et d’y établir un diagnostic des besoins de développement. L’idée est à terme de mettre en place une structure Bresilienne et une structure sœur Française.

Ce projet est motivé par une double constatation : les besoins de développement de beaucoup d’habitants de cette île, et la recherche de sens dans le travail de beaucoup de jeunes européens (dont nous, quelque part !). L’idée est de donner du sens au travail de jeunes européens à travers un projet de développement et d’échanges dans cette région.

Nous allons commencer le travail, découvrir la zone, apprendre, voir les manques, les points forts…

 

 

Afin d’avancer au mieux cette mission, l’équipe se veut pluri disciplinaire. Chacun avec sa spécialité aura un regard différent, et c’est sans doute une bonne méthode pour être efficace et se rendre compte des priorités et des influences d’une problématique majeure sur chacune des disciplines. Une équipe composée seulement de médecins s’intéresserait moins aux aspects architecturaux, de droits ou d’énergie…

 

 

En un mois, nous comptons rencontrer un maximum de personnes là bas afin de bien appréhender la zone et ses problématiques. Les axes de travail seraient : Droits de l’homme, Santé, éducation, habitat.

 

 

Nous avons rencontré Pascal, à l’origine de ce projet, au salon des solidarités 2006. Toute sa vie, Pascal s’est consacré au développement et à l’aide des plus pauvres, considérant que l’on a énormément à apprendre de ces gens là.  Au travers de l’association du Pain de vie, ils ont mis en place une école pour les enfants de la rue en Inde, des structures pour les enfants des lépreux en Afrique… Cette mission de diagnostic est à l’initiative d’amis habitants à Breves qui lui demandaient depuis plusieurs années si il pouvait organiser quelque chose…

Participeront également au projet Jude, étudiant en architecture, Maria, médecin, Isabelle qui travaille à l’UNSECO, Anaïs, urbaniste, Sandra, juriste…  Et nous 2, avec nos 6 mois d’expérience en Amérique latine au sein de différents projets de développement, entre études d’architecture, énergies renouvelable, coup de mains divers et compréhension des besoins et méthodes de certains projets…

 

 

Nous espérons être rejoint sur place par des locaux et d’autres personnes, et sommes plutôt impatient de quitter l'hiver chilien pour la côte Brésilienne !

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