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25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 20:50

Rukullacta, groupement de communautés Kichwa où nous vivons, est situé près de Tena. Cette « communauté de communes » est un très bon exemple de réussite de projets de développement.

 

Le peuple kichwa, depuis toujours propriétaire de cette région de la forêt amazo-équatorienne et ayant une culture très riche, a été, comme beaucoup d’autres civilisations, asservi par la colonisation. Nous autres occidentaux-colonisateurs, outre le fait de piller des régions entières,  nous avons en plus imposé un modèle de développement, un modèle religieux, un modèle politique et économique, qui ne correspondait absolument pas aux modèles de civilisations déjà en place. Et à quel titre ce modèle « développé » serait supérieur ?

 

Toute la région de la forêt équatorienne a été pendant longtemps sous le contrôle de colons espagnols. Ainsi les kichwas, dont la culture a été « sabotée » pendant de nombreuses décennies, servaient d’esclaves dans les mines d’or de la région.

 

L’Equateur a obtenu son indépendance en 1830. Les peuples indigènes étaient désormais sous le système imposé par le gouvernement. Peu à peu, ils ont manifesté leur volonté de gérer eux même leurs terres et leur développement et en 1998 ont obtenus du gouvernement la possibilité de s’organiser en communautés indépendantes par l’introduction des articles 83 et 84 des Droits Collectifs.

 

C’est ainsi qu’à Rukullakta, les habitants ont créés l’organisation appelée « Peuple Kichwa de Rukkullakta » (PKR),  qui leur permet ainsi d’être acteur de leur propre développement.

 

Ils ont monté, grâce à l’aide d’organisations nationales et internationales, de nombreux projets de développement pour cette communauté de communes qui regroupe aujourd’hui plus de 6000 habitants sur 17 villages. Parmi ces projets :
- Augmentation de la rentabilité  et amélioration de la race pour l’élevage bovin,
- Formation d’un groupe musical traditionnel Kichwa,
- Amélioration des services de santé (système d’eau « potable », centre médico-dentaire, pharmacie…)
- Entreprise d’abattage et de vente de poulet
- Entreprise de Cacao
- Amélioration de l’état des routes pour désenclaver les villages éloignés.
- Pisciculture…

 

Aujourd’hui, d’autres projets sont en cours, sur lesquels nous allons plus ou moins intervenir :
- Agriculture améliorée de Cacao et maïs (Tri, séchage, transformation)
- Ecotourisme
- Planification urbaine à 10 ans
- Formation de la population sur beaucoup de sujets (économie, tourisme, informatique, langues étrangère, culture Kichwa…)
- Et l’entreprise d’électrification, avec le projet SILAE.

Il y a réellement beaucoup d’idées, des moyens importants… c’est vraiment motivant de voir à quel point les choses bougent ici. Même s’il manque toujours une bonne partie des financements pour passer à la réalisation de la plupart des projets. Quelqu’un aurait 700.000 dollars pour terminer d’électrifier ces villages ??

 

 

La raison de la réussite de ces projets ?
D’abord et principalement parce que toutes les idées viennent de la population de Rukullacta. En aucun cas un projet ne peut fonctionner s’il est imposé et porté par des gens extérieurs.
Ensuite, il y a vraiment ici des gens moteurs curieux, éduqués, qui se forment constamment, qui s’organisent…
Au bureau par exemple, il y a une dizaine d’ordinateurs (avec Autocad 2007, oui oui !!), ils sont équipés de GPS pour délimiter leur territoire, et ils savent s’en servir !

 

De plus, le peuple Kichwa est en plein processus d’auto-définition. Les articles 83 et 84 de la loi équatorienne sur les indigènes les autorisent à s’auto définir. C’est ainsi que le PKR et les kichwas s’organisent pour gérer leur territoire, leurs lois, leurs services d’eau et d’électricité, leurs écoles… Tout cela leur permettrait de se développer en accord avec leur culture ancestrale, bien différente de la notre. Ce système leur permettrait également de pouvoir gérer le parc national situé sur leur territoire. En effet, depuis sa création, ils n’ont plus le droit d’y chasser ni d’y pêcher, ce qui les prive d’une grande source de nourriture et de revenus. Comme ils sont absolument capables de gérer ce parc de manière durable, pourquoi pas ??
Cela leur permettrait aussi de gérer les nappes de pétrole, un peu trop présentes dans la région. Car ici, qui dit exploitation du pétrole dit pollution, et pas un rond pour les populations (on pourrait en faire une chanson avec toutes ces rimes !!!). Sans blaguer, la pollution ici signifie destruction de l’environnement donc plus ni agriculture, ni pêche, ni chasse, et fuite des touristes… Donc perte de tous les revenus.

 

 

Alors, on les exploite ces puits de pétrole pour pouvoir faire rouler nos voitures un peu plus longtemps ?? Ou bien on commence tout de suite à anticiper la fin du pétrole et à rouler à vélo, à faire attention aux emballages plastiques, à recycler, à ne plus prendre l’avion (allez, Soizic et Vincent vont rentrer en bateau ?!!), à acheter local et bio (ça coûte plus cher certes, mais il y a moins d’utilisation de pétrole)… en réalité surtout à DIMINUER notre consommation de pétrole et dérivés (plastique, transports…)… de la très bonne littérature sur le sujet sur le site de Manicore…

Et oui, car même chez les kichwas, il y a des conférences sur le réchauffement climatique, ou l’on explique aux kichwas que leur pétrole servira à faire rouler les voitures américaines et augmentera de manière significative la température planétaire… Ils sont presque plus au courant (et plus réceptifs) que nous dites donc !

 

 

Bien le bonsoir, et promis on ne prendra plus l’avion en rentrant en France !!

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commentaires

F
Yo Vince et soiz,C'est vrai que ca a l'air d'être un bon exemple de dévellopement durable alliant les effets positifs du progrès technologiques (gps, informatique, énergie éolienne, etc.) tout en évitant certains effets négatifs de la mondialisation (normalisation et standardisation d'une culture unique, exode rurale, etc.) . Je vous avais déjà parlé de l'association co-ordinateur qui apporte des moyens informatiques aux pays en dévellopement. Je serais très réceptif des besoins des populations telles que celles de Rukullacta et de savoir quel est leur ressenti, leur approche, leurs interrogations, etc. vis à vis de l'informatique en général pour m'aider à appréhender la manière avec laquelle ils recoivent et percoivent ce genre de technologie. Si vous pouviez mener une petite étude-enquête sur le sujet, ca serait hyper cool. J'imagine que ca doit déjà cogiter sur le sujet sous vos chapeau. Ca pourrait également faire un bon sujet d'article pour le blog. A vous de voir! Plein de bisous à vous deux.Freddy
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